Publication dans la revue Nature

Temperature extremes of 2022 reduced carbon uptake by forests in Europe

L'année 2022 a été marquée par des températures record en Europe, tant en été qu'en automne. Près de 30 % du continent européen a connu une grave sécheresse estivale, affectant près de 3,0 millions de km².  Contrairement à la sécheresse de 2018 qui avait principalement affecté le nord de l’Europe, l’épicentre de sécheresse 2022 est situé dans le sud – sud-est de l’Europe.

Une étude, publiée dans Nature Communication, sous la houlette de chercheurs des Pays-Bas et regroupant plusieurs laboratoires européens dont plusieurs chercheurs d'INRAE, a montré que le puit de carbone continental européen avait baissé de 57 à 62 TgC en 2022. A l’aide de séries d'observations in situ, de données satellitaires et de modèles d’écosystèmes, les chercheurs ont montré que cette baisse était liée à la vague de chaleur et au déficit d’eau dans les sols. Grâce aux mesures de photosynthèse et de respiration des écosystèmes, réalisées sur des tours à flux du réseau ICOS, les chercheurs ont mis en évidence que certaines forêts du sud de la France sont passées d’un puit à une source de carbone au cours de cette période, un comportement qui n’avait pas été observé auparavant sur ces sites. Le carbone relargué dans l’atmosphère lors des incendies de 2022 est estimé comme faible à l’échelle de l’Europe mais présente une cartographie atypique en France, affectant les zones tempérées habituellement épargnées.

L’automne qui a suivi a été relativement chaud, mais la reprise du puit de carbone des forêts n’a que partiellement compensé les pertes de l’été. Cette sécheresse « exceptionnelle » qui a eu des conséquences fortes sur le puits de carbone est la seconde observée en 5 ans. Ces épisodes suggèrent qu’il sera nécessaire de tenir compte de la variabilité et de la fragilité du puit de carbone forestier dans les objectifs de l'UE visant à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55 % d'ici à 2030 (https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/green-deal/fit-for-55-the-eu-plan-for-a-green-transition/), qui aujourd’hui reposent sur un piégeage de carbone par les forêts qui ne serait pas affecté par la sécheresse.

Ces recherches s’appuient sur les mesures de l'infrastructure européenne d’observation des gaz à effet de serre ICOS (Integrated Carbon Observation System, https://icos-france.fr/), qui a son pendant Français (l'IR ICOS https://icos-france.fr/) et à INRAE (IR ICOS-INRAE https://www.inrae.fr/infrastructures-recherche-au-sein-dinrae, coordonné par ECOSYS.